Tant que le Soleil-dieu est dans le ciel, ombres et lumières envahissent tous les espaces du temple. Ombres mouvantes et lumières diffuses. Entre les deux persiste ce qui n'a pas encore de formes, n'exige pas de se manifester. L'autre côté de la lumière et l'envers des ombres.
Je poursuis entre les colonnes un netjer noir, à contre-jour, qui multiplie les plans-séquences, bouscule les perspectives, s'efforce de ne pas laisser de traces, encourage les distorsions du temps et de l'espace.
Dans le temple, les ombres ne sont jamais épaisses et les lumières toujours plus aériennes. Je n'ai pas besoin de les apprivoiser car sans cesse elles me traversent, me caressent, suggèrent que je suis un Osirien de passage, que je ne dois pas oublier que la ténèbre va bientôt tomber. La ténèbre est une absence totale d'ombre et de lumière.
C'est pour laisser libres pénombre et clarté que le temple n'est jamais achevé, ce qui laisse les déesses inquiètes mais Djéhouty dans le ravissement. Dans les recoins les plus sombres se développe l'intelligence adaptative.
Le Premier Prophète d'Imn-Amon n'avait jamais pu choisir entre les ombres et les lumières. Cependant il préférait voir dans le naos la face obscure du netjer parce qu'elle révèle alors sa fragilité. Il savait qu'ici toute réponse trop précise est dangereuse.
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