NOUT est la divinité des abîmes qui ne s'expliquent pas. Pour les Héliopolitains, ils sont fictifs, pour les Osiriens, ils sont réels, pour les Séthiens, ils sont nécessaires, pour les Amoniens, ils restent de nature indéterminée. Thot vous précipite volontiers dans les abîmes.
Les philosophes cogitent sur les ponts jetés au-dessus des abîmes. Pas de ponts en Egypte mais de vertigineux abîmes mesurés en coudées royales par des scribes arpenteurs ne tenant compte ni de la longueur ni de la profondeur.
Les servants des dieux loups prétendent que les abîmes n'existent plus. Ils sont pour eux des conjectures, ce qui ne justifie pas leur disparition inexpliquée.
Un abîme est aménagé dans les sarcophages de la XVIIIe dynastie. Il permet aux substrats parfumés de s'élever à l'intérieur des hiérarchies, à condition qu'ils n'oublient pas le temps passé dans l'athanor auprès d'un ROY sur le point de se volatiliser.
Je ne me rappelais pas où j'étais allé après ma seconde mort. Je me souviens seulement de Nout appuyée contre le tronc d'un figuier sycomore et m'offrant de l'eau. Si l'on boit de cette eau au goût de vase, on ne revient plus. Les arbres peuvent dissimuler des précipices.
Je souhaite m'identifier à Nout, à la fois mère et tueuse, plus proche des étoiles que de la périssable matière humaine.
Il suffit de rater une marche pour tomber dans un abîme assoupi dans notre inconscient. Est-il un obstacle, un piège, un pharmacon pour nous ôter l'envie de vivre ?
J'étais plongé dans le sommeil et avais oublié jusqu'à l'existence des abîmes de Nout à l'intérieur de moi.
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