Dis la Maât, pratique la Maât
car elle est grande, elle est efficace,
elle est profitable,
elle dure et sa puissance est prouvée.
Elle seule conduit à l'état d'Imakhou.
Enseignement de Mérikarê.
Le cœur/esprit de l'homme est précaire,
Le cœur/esprit du DAO est subtil.
On doit être unifié en son cœur, unifié en son esprit,
Et se maintenir fermement à l'OR du Juste Milieu.
Livre de Shu Ching.
Maât et le Dao sont la clef de voûte de l'édifice humain.
Pour autant, ils restent une réalité mystérieuse.
Ils sont tout ce qui nous est Profitable.
Voici le nom de Maât en hiéroglyphes.
Les 2 premiers signes à gauche vocalisent le son Ma, soit la coudée
pour le premier et une faucille pour le second.
Si la coudée évoque la mesure juste, la faucille a le sens de profitable.
Il est profitable de couper tout ce qui n'est pas juste.
Maître, de qui avez-vous appris le Dao ?
De l'écriture.
De la lecture.
De l'éveil.
De l'attention.
Du travail.
Du son.
De l'inconnu.
Du Vide.
De l'infini sans commencement.
Maître, qui réalise la Maât ?
* Le Soleil qui se lève à l'aube après avoir triomphé d'Aapep, l'indifférenciation.
* La Lune qui, comme l'Oudjat, retrouve sa plénitude au terme de son cycle.
* Le roi qui repousse les ennemis de Kemet et assure la justice en son royaume.
* Le fonctionnaire qui se conforme aux devoirs de sa charge.
* Le soldat qui épargne celui qu'il vient de vaincre.
* Le scribe qui garantit aujourd'hui ce qui valait hier.
* Le chef qui donne le bon ordre au bon moment.
* Le mage qui garde en mémoire la cohérence de l'agir.
* L'individu secourable qui prête sa barque au voyageur qui traverse le fleuve.
* Le généreux qui offre un sarcophage à celui qui n'a pas de fils.
* Le fils qui respecte son père et possède l'affection de sa mère.
* Le prêtre qui, par le rite, renoue le contact avec le temps mythique.
* Le Shemsou Hor qui maintient dans le ciel lointain la perfection du faucon horien.
* Le netjer qui veille dans son naos, apaisé par les rituels.
La récompense pour celui qui agit selon la Maât consiste en ce qu'on agira aussi pour lui.
Cela est la Maât dans le cœur de Dieu.
Et devant le netjer noir et vert, dans la salle des Deux Maât, je pourrai dire :
Je ne fus jamais sourd aux paroles de Maât.
Le Dao De Jing répond en écho :
On a beau regarder, elle n'offre rien à voir.
On a beau écouter, elle n'offre rien à entendre.
Oui, mais à qui en use, elle offre l'inépuisable.
Le Dao et la Maât sont la vraie liberté.
Il ne faut pas en parler mais les mettre en œuvre chaque jour.
Leur nom est la Voie.
En parler est la plus périlleuse des aventures.
Si on vous demande :
Connaissez-vous le Dao ?
Connaissez-vous la Maât ?
Répondez : Non je ne les connais pas.
Ce qui est nié a le mérite de délimiter le champ des possibles, de l'impensable ou, a contrario, du possible et du pensable.
Le paradoxal débouche sur une forme distanciée de la pensée qui se nomme humour.
Le Dao et la Maât sont peut-être quelque chose de tout cela mais certainement aussi quelque chose d'autre.
Toute pensée de type hermétique fonctionne de cette manière : appel à l'intelligence, à la perspicacité du chercheur. Cette pensée n'est même pas en kit puisqu'elle se cache dans ce qui n'est pas dit ou dans ce qui n'est pas écrit. C'est l'art de lire entre les mots.
La meilleure définition de la Maât et du Dao restera de toute façon celle que l'on aura forgé soi-même.
Des points communs troublants existent entre la Chine et l'Egypte, entre l'Empire du Milieu et le Royaume des Deux Terres :
- Ce sont les deux plus anciennes civilisations de la planète. La Chine est toujours présente dans le visible, l'Egypte dans l'invisible.
- Il y a d'étonnantes similitudes entre l'Empereur, Fils du ciel et Pharaon, Fils du soleil. Tous les deux sont nommés les divins laboureurs.
- Ce sont deux civilisations de paysans proches de la Nature et des fleuves.
- Egyptiens et Chinois sont deux peuples de lettrés usant d'une écriture à idéogrammes et valorisant la noblesse de l'esprit.
- Ils ont une pensée analogique et une même passion des codages.
- Les deux s'orientent face au Sud.
- Ils ont une même passion des rituels et des espaces sacrés.
- Les deux évoquent un continent perdu à l'origine de leur civilisation, les Îles des Bienheureux pour les Chinois, le Pays de Pount pour les Egyptiens.
- Leur symbolique est très opérative, basée sur la Nature, les animaux, les arbres, les minéraux.
- Ils ont une même notion du temps cyclique conçu comme un emboitement de périodes combinées sur des rythmes différents.
- Chinois et Egyptiens ont pratiqué de façon permanente l'Œuvre alchimique.
Des différences sensibles existent toutefois entre les deux sur la conception des dieux et l'approche de la mort et de l'après-vie.
Il reste encore beaucoup à creuser.
Merci René, ton netjer habitel Le Scarabée. Oupouaout.