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Le mal à l'état pur

Nous connaissons bien Maât, toujours impeccable et coiffée de sa plume d'autruche mais beaucoup moins sa petite sœur maléfique, une certaine ISEFET qui, aujourd'hui plus que jamais, règne sur notre monde.

Vous ne verrez pas d'image de cette entité car, en vertu de la pensée magique des Egyptiens, on ne montre pas ce qui est potentiellement dangereux ou nocif.

Isefet ne possède ni temple, ni culte, ni statue. Ce n'est pas une puissance divine comme Seth mais le vice rédhibitoire du monde manifesté et de l'espèce humaine.

Nous connaissons de manière limitée son existence grâce à des allusions semées dans les textes concernant la bonne marche du monde, le rôle du roi, l'art de se maintenir en bonne santé ou en harmonie avec notre entourage.

Le mot Isft est forgé sur la racine isftw qui désigne les erreurs, les plus dangereuses étant les erreurs d'appréciation.


Les textes égyptiens comme ceux de la plupart des courants religieux ou ésotériques ne sont pas très clairs sur le problème du mal, problème récurrent et dérangeant. Qui en est responsable ? Les dieux, les hommes, la fatalité ? Comme la mort, il fait partie inhérente de la création et doit être repoussé chaque jour. La phraséologie royale affirme : Pharaon doit maintenir Maât et repousser Isefet.

Maât reviendra à sa place, Isefet ayant été chassée dehors. Prophétie de Neferty.

En égyptien : In Maât, der Isfet.

Dans les Textes des pyramides, il est dit du roi qu'il a posé Maât à la place d'Isefet dans l'île de flammes.

Maât, à comprendre comme le principe régulateur gouvernant le cosmos, le monde humain, la Nature, la civilisation.

Isefet, à envisager comme le chaos, l'anti-ordre, l'anti-Maât.


Un seul problème : Isefet revient tous les jours à la charge et ne peut être vaincue définitivement. Elle sait mettre en échec ceux qui la combattent.


Isefet, antonyme de Maât, est la violence, la méchanceté, le désordre triomphant, la douleur, la cruauté, l'échec, les zones de turbulence, la peur, la jalousie, l'intolérance, l'injustice, les conflits, la non-communication, l'iniquité, le fanatisme religieux, les perversions, les tensions, les blocages, la pauvreté, le manque de conscience, les égocentrismes exacerbés, l'exercice des pouvoirs autoritaires, la haine des étrangers, le manque de solidarité, l'imperfection, le refus de la connaissance, l'incapacité à être heureux, la coupure entre le ciel et la terre, les agressions contre la Nature et l'environnement, la certitude d'être le centre du monde, l'arrogance, toutes les formes possibles de troubles naturels ou anthropiques et surtout le MENSONGE qui est toujours le détonateur à l'origine du mal. Mensonge : Gereg en égyptien.

Maât-Vérité, Isefet- mensonge.

Même la Norme, si elle est trop rigide est une forme d'Isefet. Ptahhotep, dans son Enseignement, déclare : Tiens-toi à Maât mais ne l'exagère pas.


La question fondamentale n'est pas de trouver le coupable mais le responsable afin de tenter de l'éradiquer en le remettant à sa place, en le neutralisant, même de façon provisoire.

La victoire n'est jamais acquise de manière définitive. De toute façon, demain il faudra affronter un autre ennemi, comme l'affirme l'enseignement des Shemsou Hor. Le mot ennemi est à prendre avec des pincettes, ennemi aujourd'hui, allié demain. Les ennemis ne sont pas des humains mais tout ce qui s'oppose à Maât pour faire le jeu d'Isefet.


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