Hérisson : bestiole pleine de puces mais tellement choupinet.
En Egypte, on distingue deux variétés de hérisson : le hérisson du désert, l'Hemiechinus auritus ou oreillard et le hérisson à grandes oreilles qui vit dans la Vallée humide.
Les deux sont pourvus d'une excellente vision nocturne et d'une bonne ouïe.
Pour cette raison, la graisse du hérisson était destinée, en médecine, à soigner les affections de la vue.
L'animal a des pattes trapues, une queue très courte, un museau en forme de groin et un épais manteau d'épines.
Il est connu en Egypte depuis la période Nagada et revient de manière récurrente à toutes les époques dans l'iconographie.
Les Kémitiens admirent sa faculté de vivre dans les conditions extrêmes des savanes désertiques comme le lièvre ou la gazelle.
Ils apprécient également le fait qu'il détruit beaucoup de serpents pour s'en nourrir et qu'il est peu sensible à leur venin.
Il se nourrit aussi d'insectes, particulièrement de sauterelles et de criquets.
On ne sait pas si les Egyptiens consommaient sa chair excellente mais il semble bien qu'ils tentèrent de domestiquer l'animal.
Dans la pensée égyptienne, le hérisson symbolise à la fois la fertilité et la féminité.
Pour les défunts, lui qui vit dans de sombres tanières, il anticipe les formes d'existence de l'Au-Delà. Il participe à la régénération. Il fait partie des offrandes funéraires. Comme c'est un animal nocturne et qu'il connaît des périodes d'hibernation, il s'apparente aux défunts en attente dans les couloirs de la Douat et les prépare à une renaissance solaire.
Auprès de Seth, il est un des adversaires du Serpent Aapep qui, toutes les nuits, à la septième heure, tente de faire chavirer la barque du Soleil Noir.
Quand il se met en boule pour se protéger, il évoque un soleil dont les rayons sont ses piquants.
La proue des barques funéraires était souvent ornée d'une tête de hérisson.
Présent sur les bateaux qui naviguaient sur le Nil, il protégeait des dangers de la navigation, particulièrement des bancs de sable.
On a retrouvé dans les fouilles des sceaux en forme de hérisson et de nombreuses amulettes qui protégeaient du venin des serpents et du mal en général.
Il existe des vases appelés aryballes qui représentent deux hérissons en train de copuler.
Ces récipients contenaient, entre autres, des baumes épilatoires, sans doute en référence aux épines de l'animal qui tombent régulièrement afin d'être remplacées par de nouvelles. Cette préparation médico-magique était par ailleurs censée favoriser le développement du système pileux. Une aubaine pour les malheureux atteints de calvitie précoce !
Le hérisson est aussi une divinité, une certaine Abâset, à l'étymologie incertaine, Grande déesse, dame des cieux, régente des dieux, parèdre de Rê-Horakhty et de Banebdjedet, le bélier sacré de Mendès. Elle a le corps d'une femme debout portant une robe-fourreau et coiffée d'un hérisson posé sur la dépouille de vautour. Elle ne porte ni sceptres ni croix ankh.
Elle est peut-être originaire de l'Oasis de Bahariyya où on la rencontre dans la tombe de Benaty, un notable local.
Elle est aussi associée au dieu Bès dont l'une des tâches est d'éloigner les reptiles.
On la met encore en relation avec Hathor, Bastet, Sekhmet, Tefnout , Iousâas et Tem dont elle est la polarité féminine sous le nom de Temet.
Sa principale fonction est d'assurer la protection du Soleil et celle des défunts.
Merci René, super intéressant, tant pour le texte que l'iconographie. Peux tu nous en dire plus sur ces images? en particulier le papyrus avec la salle des 2 Maat où notre hérisson de compétition non seulement a un bel Oudjat mais en plus semble avoir une boucle d'oreille en plume de Maat; et puis le couple où l'homme présente le hérisson alors que sa compagne joue d'un sistre Hathorique. Merci!