Le texte que vous allez lire vous paraîtra peut-être bien énigmatique mais vous êtes les Enfants d'une science hermétique qui se mérite et n'a nul besoin d'être didactique.
Par ailleurs, souvenez-vous que le plus important ne réside pas toujours dans le sens premier des mots mais dans la puissance vibratoire et magique qu'ils libèrent quand on les prononce dans le contexte d'un rituel, à plus forte raison sur un lieu sacré.
Un des lieux les plus sacrés de Kemet est la montagne de la Cime, sur la rive ouest de Thèbes, que les Egyptiens considèrent comme le corps de la serpente Meretseger. C'est un lieu à la fois dans, au-dessus et en dehors du monde.
Dans toutes les Traditions, on retrouve la notion spirituelle de Montagne sainte ou sacrée.
Toutes les mythologies ont une montagne sainte.
Une montagne considérée comme l'Île primordiale au-dessus des flots de l'Océan mercuriel des origines.
Elle est un lieu mythique, le centre du monde, d'un système spirituel, la résidence d'une divinité puissante, à la fois tellurique et cosmique. Dans ses flancs sont creusées les tombes des Ancêtres, ce qui est le cas ici puisque la Cime est l'axe de toutes les nécropoles de la rive ouest.
On y vient en pèlerinage, on y pratique des rites divins, mystagogiques et funéraires.
Il est parfois requis de l'escalader ou au contraire rigoureusement interdit de l'approcher en fonction de la position des astres dans le ciel.
En Alchimie, la montagne, point séminal, est la Materia Prima qu'il faut travailler pour la rendre verdoyante et pour qu'y croisse cette herbe dite triomphale parce que vitriolique.
Escalader une montagne sainte, blanche ou noire, fructueuse, sert à se débarrasser des superfluités qui lestent notre corps, notre esprit et à nettoyer les strates enfouies dans notre psychisme.
C'est un moyen de se volatiliser tels les oiseaux qui planent, montent et descendent au-dessus des montagnes philosophiques.
En volant, ils se blanchissent les ailes et notre bonheur n'a alors plus de fin.
Dans la montagne résident des entités divines mais aussi des Esprits, des Génies, des ascètes, des gnomes, des fauves, des nymphes et des formes de vie subtiles, secrètes, sauvages qui peuvent se déchaîner si on ne les honore pas au moyen de rites et d'invocations magiques relevant de la jubilation.
Quand ils viennent sur la montagne, les Shemsou Hor ne portent jamais d'armes.
La montagne est un temple servant à se connecter avec ce qui circule dans les dérivations de l'univers chthonien et qui est en phase avec notre cerveau et notre cœur pendant le déroulement des rites.
La cime des montagnes est le plus ancien de tous les dieux.
Le nom secret de la montagne sainte est KBR et ses prêtres sont les Kabires dont l'énergie surnaturelle se confond avec elle.
Ils savent la rendre radiante.
La très forte charge magnétique et tellurique des montagnes explique que les orages y sont très violents et la foudre redoutable.
La montagne est aussi le lieu des orages qui ne sont pas là pour nous terrifier mais pour nous instruire, à la manière d'un chemin escarpé lors d'une tempête de sable quand, soudain, midi bascule dans minuit parce que le Soleil devient noir.
On gravit les pentes de la montagne pour réveiller les forces endormies à l'intérieur de nos mémoires anciennes. Il est bon alors d'être foudroyé.
Ovide, dans les Métamorphoses, utilise le mot tesca qui désigne à la fois un pic montagneux et la colère.
Sur le Mont Analogue, nous sommes à la recherche de ce qui est invisible à force d'être visible, de ce qui pourrait tenir dans un vase mais aussi dans une galaxie.
La prochaine fois que vous gravirez les pentes abruptes d'une montagne sacrée, n'oubliez pas de dire :
Je suis parti à la recherche de la montagne,
sur un chemin extrêmement pierreux qui unit la terre et le ciel.
Au sommet, j'ai abordé un continent inconnu.
Je suis à l'intérieur du noyau des substances supérieures implantées dans la croûte terrestre.
Je suis protégé des regards, de la curiosité et de la convoitise par la courbure de l'espace.
Je suis une goutte de mercure restant impénétrable au doigt qui cherche à en toucher le centre.
Dans le ventre de Meretseger, je suis dans l'épaisseur du Silence.
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