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La médiocrité


Tjary était né la même année qu'Akhnaton. Il vivait dans l'entourage du prince qui appréciait sa bonne humeur, lui qui était d'un naturel un peu trop sérieux et mélancolique.

L'An 1 de son règne, il nomma Tjary chef du protocole royal. Un matin, il le convoqua pour une audience privée.

- Tjary, je veux que tu élimines de la Cour tous les médiocres qui l'encombrent.

- Majesté, comment savoir qui est médiocre ou non ?

- Tu jouis d'une intelligence raffinée, débrouille-toi.

- Vraiment, je suis très embarrassé et cela ne me plaît pas du tout. Tu aurais mieux fait de confier cette tâche au Fils de Hapou.

- Non, j'entends déjà sa réponse : Même le plus médiocre est capable de s'améliorer, de devenir meilleur, admirable, et de se révéler un excellent serviteur.

- Il n'a sans doute pas tort.

- Ce n'est pas ce que je te demande. Je connais Houy mieux que personne, je sais ce que je ne peux pas lui demander.

- Pas de te dire en tout cas qui est médiocre et qui l'est provisoirement ou définitivement. C'est une grave décision, une humiliation de chasser quelqu'un à cause de sa prétendue médiocrité. Je ne ferai pas cela.


Tjari avait contredit le roi spontanément et clairement refusé d'obtempérer. C'est lui qui risquait d'être chassé du palais mais sa décision était prise, il n'obéirait pas à cet ordre contraire à la Maât. On peut être médiocre mais parfaitement loyal et servir au mieux la famille royale. C'est vrai, les médiocres manquent d'humour mais, après tout, on n'est pas là pour rigoler tous les jours !


Akhnaton regarda Tjary d'un air dubitatif et amusé.

Tu resteras auprès de moi, Ami Unique, au fond j'apprécie que tu t'opposes à un ordre arbitraire car toi, tu n'es pas médiocre. Nous allons faire du bon travail hors des sentiers de la médiocrité et dans la radiance de l'Aton.

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