Nous traduisons par DIEU le mot égyptien NETJER.
Faute de mieux car, avec ce mot, notre champ sémantique est beaucoup plus réduit que celui des Kémitiens. Nous ne sommes sûrs que d'une chose : ils ne pensaient pas comme nous, ni mieux ni pire mais autrement.
Pour eux, Dieu n'est pas une réalité inamovible, définie une fois pour toutes, emmaillotée dans un filet de dogmes et de croyances dont le Verbe serait codifié dans un livre sacré. Ils ne définissent pas le Netjer, ils le tissent avec une conscience en alerte toujours prête à envisager de nouvelles combinaisons.
Dieu n'est pas l'objet d'une croyance mais d'une connaissance.
On l'approche par une succession de stratégies évolutives qui s'adaptent à son identité fonctionnelle évoluant dans un ensemble énergétique cohérent.
Le Netjer est l'ensemble de ce qui est sous ses aspects les plus variés : le matériel, le spirituel, le théorique, le pratique, le mental, le psychique, les deux côtés du miroir, la transparence et l'opacité, le mesurable et le non mesurable, l'ouvert et le parfaitement luté.
Il contient du minéral, du végétal, des fluides, des sentiments, des réseaux, des normes à redéfinir encore et encore.
Il est dans les galaxies, sous la mer, dans les bibliothèques, sous l'écorce des arbres, à la pointe du calame des scribes, dans leurs encres noire et rouge, dans les champs énergétiques des hiéroglyphes, dans les signes du destin, les rencontres fortuites, les hasards soigneusement programmés par Djéhouty, dans les manifestations de la Nature et à l'intérieur des plans les plus enfouis de la conscience et du vivant.
Il n'existe que parce que sa diversité est extrême.
Netjer-Kheperou, il est un vieillard et un enfant en permanentes métamorphoses. Il est une suite de connexions foisonnantes.
Il est toujours nouveau dans son énigmatique luxuriance.
Il est la non-acceptation du définitif.
Polymorphe, il flotte au-dessus du fleuve sur lequel nous naviguons.
Il oscille comme un pendule entre l'incomplétude et l'état Hotep.
Il s'adapte à nos degrés de compréhension, stimule nos moteurs de recherche, nos capacités critiques et sans doute nos enthousiasmes.
Puissant en un million de formes, il ne prend pas possession de nous, il se manifeste si nous sollicitons son Mystère.
Il est cette perfection que les Egyptiens nomment NEFER NEFEROU.
Ils éprouvent pour leurs dieux une infinie tendresse, ils les ont peaufinés pendant des millénaires, ils resteront vifs tant qu'on célèbrera leurs rites comme une fête.
Seth dit : Circulez il n'y a rien à voir.
Thot déclare : Approchez vous au bord du précipice.
Maât affirme : L'Ordre divin, c'est le rituel.
Tem profère : Je suis votre seul recours contre l'entropie.
Khnoum conseille : Modelez le limon dans vos mains.
Imn suggère : N'hésitez pas à vous approcher au plus près du l'Invisible.
Le Fils de Hapou conseille de garder le netjer dans le coeur JB.
Isis murmure : Vous êtes tous des Osiris, je vous aime.
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