Je n'arrive plus à me satisfaire de mes limitations mais je n'ose pas encore sauter dans le vide. Je sors du temple en me disant soit que je n'y reviendrai pas, soit que je continuerai à me laisser envoûter par ses charmes.
J'ai une attirance pour la puissance de l'Invisible. IMN est mon netjer de prédilection. J'adore sa manière de se glisser sans bruit entre les plans de manifestations sensibles ou, au contraire, en ce qui demeure inaccessible à nos sens et à notre intelligence.
Ce netjer peut-il se manifester autrement que fortuitement ?
AMON à la peau bleue a réussi à se rendre inexplicable. Visible, il deviendrait inexistant. Avec lui persiste le risque de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, dans l'état de déliquescence d'un amalgame ne parvenant pas à coaguler.
Avec lui, la quête n'a aucun sens si on ne sort pas des sentiers battus. De nature nomade, il est déjà parti alors que vous pensiez qu'il n'était pas encore arrivé.
J'apprécie qu'un dieu se dérobe, surtout quand je m'apprête à l'importuner par des suppliques alors qu'il serait plus indiqué d'entonner des hymnes, de psalmodier des glossologies.
IMN se laisse porter dans l'enchevêtrement des courants qui traversent le temple où se mélangent les contraires, les incohérences et les absurdités débitées par des commentateurs ignorants.
Parler de lui est presque sacrilège.
AMON, silencieux parce qu'il est invisible, sur la corde raide tendue par Djéhouty, prêt à tomber ou à s'envoler. Des bruits inexplicables circulent dans son temple, manifestations de structures vibratoires issues d'un univers parallèle dont Ipet Sout ne bouscule pas l'architecture.
Il faut un peu de chance pour investir un dieu de la nature du Vent. Seth, la tempête qui se déchaîne, IMN, la douce brise du Nord ou le contraire.
IMN s'invite à notre table quand les offrandes sont ouab et ne risquent pas de l'alourdir. Ce n'est pas la quantité qui compte mais un dosage rigoureux des ingrédients afin de préserver la qualité de l'imprévisible.
IMN, un bélier, une oie, un obélisque mais jamais un singe, génétiquement trop proche de l'humain. Un humain ne peut parasiter un dieu.
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