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HÂPY L'ESPRIT DU FLEUVE


Hâpy n'est pas le dieu du Nil mais l'essence et l'esprit du fleuve, le génie des eaux vives qui donne à l'Egypte toutes les choses bonnes, douces et pures.

Le fleuve lui-même est nommé ITEROU par les Egyptiens.

Le mot NIL vient de Neilos, la version hellénisée de Hâpy.



Il ne possède pas de temple en propre car les eaux et les rives limoneuses du fleuve sont sa demeure.

Les rites qui lui sont consacrés se déroulent au bord du fleuve, avant et pendant l'inondation. On jette dans le Nil des offrandes de nourriture, des fleurs, des boissons et des figurines du dieu.

Le plus souvent, Hâpy est représenté portant une table d'offrandes où sont posées toutes les richesses apportées par la crue annuelle.

Il incarne les eaux qui enflent lors de la crue, le flot montant sur les champs , la fécondité du sol humide, le dynamisme du Nil, son KA en quelque sorte.

Avec lui, on peut parler d'une psychologie religieuse des eaux. Leurs mouvements sont semblables à ceux de notre pensée quand nous sommes en méditation ou que nous nageons dans nos rêves.




Dans l'iconographie, Hâpy, l'humide seigneur des eaux montantes, est facile à identifier : coiffé d'une touffe de papyrus, il a le corps obèse, les seins pendants, un visage masculin, les apparences d'un être androgyne peint en vert ou en bleu. Le bleu des eaux, le vert de la végétation.

La ceinture qu'il porte est celle des pêcheurs.

Un texte de Philae le décrit ainsi : C'est là l'image du fleuve dont une moitié est un homme et l'autre une femme. C'est l'eau qui est l'homme, c'est la terre irrigable qui est une femme.

Les dieux bisexués sont des puissances créatrices de vie.



Les Egyptiens considèrent Hâpy comme une émanation du Noun, l'Océan primordial.

Qualifié alors de Père des dieux, il est ainsi célébré dans un texte d'Esna : Hâpy, père des dieux, Ancêtre qui a créé l'Ennéade et qui nourrit les dieux par le suintement de son corps. C'est l'Eternel qui ne peut périr.





Dans le contexte de la crue, Hâpy qui procure leur subsistance à tous les êtres créés, celui qui inonde la prairie et fait vivre tout le petit bétail, est associé à d'autres dieux :

A Hathor et Sobek, plus puissants que le fleuve et qui décident de l'arrivée de la crue.

A IMN-RÊ, dispensateur de la crue.

A Osiris pour qui l'inondation provoque la résurrection.

A Isis dont les larmes ont fait monter les eaux du fleuve.

A Sothis-Soped, l'étoile annonciatrice de la crue.

A Serket, déesse de la campagne.

A Renenoutet qui fait croître la végétation.

A Taoueret dont les mamelles distribuent l'abondance.

A Népri, netjer des céréales.


Dans le domaine funéraire, les défunts prient Hâpy pour qu'il leur procure l'eau régénératrice qui les fera revivre dans l'au-delà. Ils ont la hantise de manquer d'eau dans la Douat. L'eau est la nourriture type : elle se suffit à elle-même et remplace toutes les autres.

Pour toi vient Hâpy le plus grand des dieux afin de fournir en abondance d'eau fraîche tes tables d'offrandes. Il te donne l'eau venue d'Eléphantine, le fleuve qui sort des deux cavernes, le Noun qui sort des deux cuisses, le flot issu de l'abîme. Tu pourras en boire, remplir ta poitrine d'eau de jouvence, ta gorge de liquide car tu es Noun l'Ancien, le père des dieux. Livre second des respirations.



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