Il n'est pas question de discourir avec les dieux mais de leur procurer des offrandes les plus parfaites possible.
Je me suis laissé envahir par les Netjerou, par leurs exigences, leur vigilance, leur art de modifier les couleurs, les sons, les odeurs, les ondes qui traversent les formidables murs d'enceinte en briques crues.
Aux abords du sanctuaire, on fait des rencontres étranges, impossibles à décrire, plus fluides d'heure en heure, installées entre la surface et la profondeur, promptes à se manifester ou à disparaître.
Dans le temple, le SAHU est à la fois troublé et en repos, pris dans les mailles d'un filet thotien mais libre de naviguer en direction du Sud.
Marcher sur les dalles du dromos est un exercice de captation plus qu'une marche d'approche. On est pieds nus sur la pierre tiède d'un organisme vivant, sensible, en résonance avec un monument qui rêve la nuit et se réveille au matin.
Les troncs des arbres des bosquets sacrés sont entourées de bandelettes lors des nuits sans lune et au moment où certaines étoiles changent de formes et de couleurs. J'offre souvent à la Maison du dieu des bandelettes de lin et 3 deben d'or mussif.
Je ne fais rien dans le temple, je laisse vagabonder mes pensées et mes désirs, je m'attends à ce que rien ne change alors que tout se mettra en mouvement. Ressentir avant de comprendre, ne pas parler, ne pas se laisser effleurer par des sacrilèges.
J'attends dans la fraîcheur de la salle hypostyle. Un oiseau vole entre les colonnes. Sur les parois, les images échappent aux contingences des formes définitives.
Je suis assis par terre, le dos au mur pendant que se trame une multitude d'évènements imprévisibles.
Les prêtres trouvent très lourde la statue du dieu qu'ils portent sur un brancard.
Le corps ne s'habitue pas à la souffrance, il cherche le contact et se désole quand il ne se produit pas au moment attendu.
Les dieux, comme les chats, ne sont pas à notre service.
Avant de voir la procession, on entend le cliquetis des sistres, le chant des prêtresses, la musique des instruments à vent et les tambours.
Les porteurs de la barque sacrée s'essoufflent et respirent bruyamment. Ils ont mal aux épaules, transpirent, se demandent s'ils pourront maintenir jusqu'au bout cet effort éreintant.
Porter la nef sacrée est un acte de piété et de loyauté envers les Netjerou d'un royaume traversé par un fleuve bienfaisant.
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