Comme les étoiles, les arbres, vivants, beaux, vigoureux, de nature androgyne, issus de la transpiration des dieux, appartiennent au monde des Ancêtres et font depuis longtemps l'objet d'un culte assorti de rituels et de fastes.
On plantait un arbre sur les tombes tumulus des Ancêtres.
Bien avant l'homme, l'Egypte était couverte de forêts, aujourd'hui pétrifiées dans le désert. Il y avait de l'eau, des mousses et des larves dodues sous les écorces.
Chaque arbre porte en lui sa propre idéalité. Nous devons donner beaucoup d'amour aux arbres anciens qui nous protègent non seulement des ardeurs du soleil mais aussi des effets nocifs du tellurisme.
Pour les Egyptiens, le ciel est un arbre gigantesque. Les étoiles sont ses fruits, elles sont des déités perchées sur les arbres. Ils prêtent aux végétaux et aux arbres en particulier le don du langage. L'arbre est un pont entre une réalité spirituelle invisible et une réalité concrète et sensible. Il relie le ciel et la terre, la matière et l'esprit, le réel et le rêve, il harmonise les contraires.
L'idéal dans l'au-delà est de s'asseoir à l'ombre d'un arbre. Le défunt se promène dans un beau jardin planté d'arbres qui lui procurent fraîcheur et réconfort. Dans le Livre des Morts, le défunt précise qu'il est l'Osiris croissant sous les fleurs du figuier ou qu'il habite dans son olivier.
Les arbres de la terre sont le reflet de ceux du paradis osirien. PEKER est l'arbre sacré d'Ousir en Abydos, une manifestation de sa puissance transcendante et bienfaitrice.
C'est dans un sycomore que NOUT engendra Ousir.
En Afrique, la vie et la puissance du roi dépendent de la façon dont les arbres poussent et fleurissent. Le roi et l'arbre constituent un couple qui fait du souverain un intercesseur entre les mondes. On en plante souvent un à la naissance d'un enfant royal et sa vie est sympathiquement liée à lui.
Le roi de Kemet est présenté comme Hor qui sort de l'acacia; il se tient sur un haut sycomore sur lequel s'assoient les dieux. Il plante des arbres sacrés sur les téménos et leur confère ainsi leur sacralité. A Dendera par exemple, il accomplit le rite de la plantation d'un saule, un des arbres d'Hathor avec le sycomore, le dattier et le moringa.
Des fruits du moringa, on tirait une huile servant à la momification.
Dans les jardins des temples poussent de nombreux arbres, alimentés par l'eau céleste et servant à la fabrication de parfums et de remèdes.
MATET ou Matret est la déesse arbre. Les textes médicaux l'associent au calatrope dont les fruits ronds sont très vénéneux. Dans les Textes des Pyramides, fille de Rê, elle est la protectrice du roi et la gardienne des portes du ciel.
Son dieu parèdre est SOPDOU netjer du désert oriental et d'un arbre nommé KESBET, une essence non identifiée.
Chaque nome avait un ou plusieurs arbres sacrés, le plus souvent des acacias, des balanites, des sycomores et des ziziphus spina-christi dont les épines étaient comparables aux serres des oiseaux. Cet arbre est peut-être l'énigmatique JMA qualifié d'unique et qui joue un rôle important dans les rites osiriens.
Le balanite est l'arbre du 18e nome de Haute Egypte, le palmier dattier celui du 22e, le jujubier et le tamaris ceux du 17e.
Un hymne à IMN-AMON précise qu'il a créé les arbres fruitiers, qui entretiennent la vie et lui donnent toute sa saveur. PTAH, enserré dans l'écorce d'un arbre, fait verdir les arbres fruitiers et assure la régénération des végétaux.
A Bubastis, un bois planté d'arbres gigantesques entoure le sanctuaire de la déesse chatte BASTET. Ces arbres étaient aussi dédiés à THOT, par ailleurs netjer d'un palmier doum de 60 coudées.
Le palmier dattier est l'arbre sacré d'Aset, le tamaris qui pousse à la lisière des déserts, celui de Neith et du loup Oupouaout. Le genévrier est associé à Rê, le moringa à Ptah, le jujubier à Hor, le perséa aux divinités héliopolitaines et à Aset. A Hermopolis, c'est un arbre guérisseur lié à la crue car ses feuilles sont toujours vertes et son fruit apparaît au moment de l'inondation. On plantait deux perséas devant l'entrée des palais royaux.
INENI, maître d'œuvre du temple d'Amon à Karnak sous le règne d'Amenhotep Premier, évoque dans sa tombe le jardin magnifique qu'il fit planter de quelque 500 arbres appartenant à 23 espèces différentes dont certaines n'ont pu être identifiées et semblent être de véritables raretés. On trouve des sycomores, des perséas, des palmiers dattiers, des palmiers doum, des figuiers, des pieds de vigne, des grenadiers, des jujubiers, des tamaris, des saules...
Il précise qu'il a fait planter 73 sycomores, le seul arbre qu'il ne faut jamais oublier de mettre dans son jardin.
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