L'altérité de certains lieux s'accroît avec le temps et les rend plus bouleversants encore.
Le sanctuaire d'Hathor-Noubet à Dendera ne digère pas les anomalies, au contraire, il les multiplie et les jette sous les pieds des fervents de la déesse. Les déesses de Kemet ne sont pas des saintes nitouches mais des concentrations intenses de forces venues d'ailleurs.
A Dendera, l'Héliopolis du sud, ces forces viennent de l'étoile Canope dans la constellation de la Carène.
Le temple restera debout tant que son altérité continuera à croître.
Dans la partie ouest, les hiéroglyphes changent de place un jour sur deux. Sur les reliefs, les prêtres rois ritualisent en adoptant des formes inédites. L'altération des traits de leurs visages les rend méconnaissables. A la première heure du jour, ils portent des manteaux de plumes, et des sceptres dont on ignore le nom et l'usage. Ils portent alors les noms des Ancêtres pountites.
La pratique quotidienne des rituels est une réitération des formes les plus savantes de la sacralité. Aujourd'hui, on célèbre toujours des rites à Dendera mais dans la clandestinité et dans des zones du temple échappant à la surveillance des profanes.
A Dendera refait surface ce qu'on croyait avoir perdu dans le naufrage du Double Royaume. De la poussière d'or flotte dans les chapelles autour du naos. Thot et Chou pêchent la Lune dans leur filet pour que sa lumière cendrée se diffuse dans toutes les cryptes du monument.
Ici, on ne parle pas de féminin, de masculin mais d'un androgyne dont les images bien cryptées apparaissent dans la partie sud-ouest du temple.
Toutes les cryptes portent un nom. Il en existe une dans l'axe central du temple que l'architecte a baptisé la Désintégration. On y détruit les ennemis de la théocratie mais aussi tout ce qui, dans le corps et l'esprit des officiants, empêche la volatilisation.
Il y a la crypte de la Métempsychose, de la Théophanie, de l'Eternel retour, du Contact, la crypte de la Gnose, des Parfums fossiles, de la Chevelure hathorienne, du Heb Sed, des Enfants royaux. La crypte du Prince d'Héliopolis où l'on sauvegarde l'Essentiel est bâtie avec des blocs réemployés de quartzite, autrefois taillés sur les ordres du Fils de Hapou.
On ne retrouve pas ce qu'on n'a jamais perdu.
Nous n'avons pas à redouter la vengeance des entités divines de Dendera. Elles ignorent les deux derniers millénaires qui viennent de s'écouler et préparent le retour des anciens dieux qu'on n'a jamais cessé de vénérer dans le temple où on éparpille l'or et la verdure.
Je retire ma question, "s'il n'y a pas de réponse c'est qu'il n'y a pas de question" comme dit une de mes amies
Coucou René,
Quand tu dis que "dans la partie ouest les hieroglyphes changent de place un jour sur 2", qu'entends tu par là?
Merci! Françoise