Les Egyptiens se jetaient dans les flammes quand le chat de la maison était piégé dans un incendie.
L'histoire événementielle ne devient intéressante que des siècles plus tard. J'aimerais savoir comment vivait le roi Pépi dans son palais, ce qu'il mangeait et ce qu'il pensait de ses contemporains.
La reine était d'une rare intelligence. Elle portait une couronne singulière, dénichée dans la garde-robe des prêtresses d'Héliopolis. En attendant de fréquenter une ouabet, elle passait son temps dans les archives de la cité solaire. Son époux cultivait un look androgyne. Il faut bien reconnaître que ses filles avaient un drôle de crâne.
Sentir mauvais était d'une totale incorrection. Les Gardiens de la Douat repoussaient ceux qui puaient. Un Egyptien authentique se reconnaissait à sa bonne odeur, aux effluves parfumés qui, partout, le précédaient ou le suivaient.
Les espions de Sa Majesté ne portaient pas de lunettes noires. Ils adoptaient l'air cauteleux des gens paisibles et sans histoires. Ils opéraient de rapides missions en Asie ou en Nubie et revenaient le plus vite possible. Un Egyptien se languit loin de chez lui.
Les scribes appréciaient l'éloquence mais détestaient les trémolos et les superlatifs. Plus un scribe occupait un poste élevé dans la hiérarchie et plus il écoutait Thot qui ne parle pas pour ne rien dire, rit dans sa barbe et prend un air sérieux alors qu'il pense des bêtises.
Quelle heure est-il ? demanda le jeune prince.
L'heure de dormir, le cou bien calé sur un appui-tête.
L'heure de songer que Bès, dieu pourvoyeur de rêves est un dieu dynastique, beau parleur, bon danseur, joueur virtuose de castagnettes, de darbouka et toujours prompt à tirer la langue.
Il donnait des leçons de plaisir, de raffinement, de civilité, de tout ce qui procure à un Kémitien la joie de s'être incarné au pays des pharaons. Le problème se posait après la mort car rien n'assurait qu'on resterait vêtu de lin, parfumé et capable de lire les hiéroglyphes.
Déjà la première heure du jour et je ne suis pas bien réveillé. Dans le bassin de mon jardin, les poissons remontent des profondeurs. Je suis en décalage horaire. Je vais attendre que les dernières étoiles de Nout s'éteignent dans le ciel pour prendre une décision. Sa Majesté va faire glisser le verrou du naos. Mon chat ne se doute encore de rien.
Il avait été un enfant inquiet. Il n'était pas sorti de l'adolescence, ne se décidait pas à entrer dans l'âge adulte. Le cul entre deux trônes, il allait demain être intronisé maître des Deux Terres et nous serions en l'An 0. Le Fils de Hapou se demandait comment il allait s'en sortir.
Le vizir était perclus de rhumatismes, affligé d'un lupus érythémateux et sujet à des crises de goutte. Il continuait à remplir son office. Ses médecins nubiens le bourraient de tranquillisants qui, à défaut de lui donner une vision juste, lui permettaient de somnoler pendant le conseil des ministres. Il priait Maât et, bon an mal an, le Double royaume se maintenait à flot.
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