Pendant toute l'Antiquité, les différents peuples ont célébré un culte des Ancêtres qui est sans doute à l'origine des religions. Il existe encore dans le monde, en Afrique, en Asie, en Polynésie. En Occident, il a disparu, c'est à peine si on se souvient de sa grand-mère, à plus forte raison de la mère de cette dernière.
Dans le temple funéraire ou plutôt le temple des Millions d'années, sur la rive ouest de Waset, Ramsès II, très soucieux de sa généalogie, a fait graver ce relief où figurent les grands fondateurs du Double Royaume sous la forme de statues portées par des prêtres lors d'une procession en l'honneur du netjer MIN. Au-dessus de chacune, un cartouche porte leur nom. Le premier en partant de la gauche est celui de Ménès-Narmer, le fondateur de l'état pharaonique puis viennent Montouhotep II, Ahmosis et trois rois du Nouvel Empire, prédécesseurs directs des Ramessides.
Autres moyens de s'insérer dans la Tradition royale : construire un monument identique à celui d'un monarque du passé. Ainsi Senouseret-Sésostris Premier adopte pour son temple funéraire un plan identique à celui de Pépy II. Lien subtil entre l'Ancien et le Moyen Empire. De même, il fait exécuter des statues des rois de ces deux grandes périodes de l'histoire pharaonique comme Snéfrou, Sahourê, Antef, Amenemhat...
Pour graver le lien dynastique dans la pierre, certains rois firent resculpter leur visage sur celui d'un Ancêtre et surtout y inscrivirent leur cartouche.
Par ailleurs, les rois faisaient célébrer des rituels et consacraient des offrandes aux rois morts divinisés qu'ils retrouveraient un jour dans la Douat. Un devoir filial qui faisait d'eux des souverains légitimes. On nommait ces Ancêtres royaux les Esprits efficients de Rê.
Les Egyptiens pratiquaient chez eux un culte domestique des Ancêtres sous la forme de bustes installés sur un autel dans leurs maisons. Ce culte, qui commençait en versant de l'eau sur le sol, avait pour objectif de faire vivre le nom des Ancêtres en vertu de la croyance qu'un vénérable défunt existe tant que l'on continue à prononcer son nom. Ce type de culte existe toujours au Japon.
L'Ancêtre est un membre organique de la communauté des vivants, un des chaînons assurant un enchaînement harmonieux des cycles.
Le Serpent, archétype en Egypte des animaux sacrés, souvent qualifié de Vieux Dieu est l'Ancêtre mythique aux origines de la vie, une ligne vivante capable de toutes les mutations. Momifié, il reçoit un culte funéraire. L'Uraeus au front du roi évoque lui aussi l'union avec les Ancêtres royaux. Les serpents sont considérés comme de puissantes divinités reliant les vivants et les morts. Dans les familles, un serpent domestique est envisagé comme le Bon Génie du foyer qu'il protège entre autre des maladies et des forces nocives. Celui qui parle la Langue secrète des Serpents désigne un initié aux Mystères.
Enfin, le Serpent est aussi l'hypostase de la Grande Déesse Mère, l'Ancêtre divin par excellence.
Le premier but du culte des Ancêtres est d'établir un lien entre le passé, le présent et le futur et entre les générations d'un même lignage.
L'Ancêtre est conçu comme un être sage parvenu à un grand âge et ayant bénéficié d'une profonde expérience des hommes et des choses.
Pour les Egyptiens, les Bienheureux Ancêtres sont les étoiles qui, la nuit, scintillent dans le ciel.
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