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A l'écoute des signes




Il était à l'écoute des signes mais il ne savait pas s'ils viendraient d'en-haut, d'en-bas ou de l'une de ces zones intermédiaires où s'agitent nos esprits.

Les signes, lui avait-on dit, peuvent être de nature ésotérique ou exotérique, envoyés par Bebon, Aapep, Bès ou par un minuscule netjer qui n'aurait pas fait de mal à une mouche. Peuvent être interprétés comme des signes le vol d'un papillon, le coassement d'une grenouille, le bond d'une sauterelle, la trace laissée sur le sable par un scarabée, le nombre de serpenteaux qu'un ibis peut avaler entre la deuxième et la troisième heure du jour.


C'est une chose de voir un signe, c'en est une autre de le comprendre. Thot, grand pourvoyeur de signes, est très vexé si vous les lisez de travers ou pire, avec désinvolture. Vous êtes perdu si vous déclarez : Je ne mange pas de ces signes-là. Vous allez alors en prendre plein la gueule.


Ce n'est pas mieux de voir des signes partout. Leur grand nombre les rend insignifiants, lassants.


Si quelqu'un vient me voir et me demande de décrypter un signe récurrent, j'écoute le bruit de ses pas quand il traverse le jardin. Rien n'est plus révélateur d'un état d'esprit. S'il marche trop vite ou trop lentement, je me garde bien de le recevoir. A travers la porte, je lui conseille d'aller consulter une prêtresse oraculaire qui, contre une bonne rétribution, lui dira tout ce qu'il veut entendre. Après cela, les choses ne seront ni pires ni meilleures.

Il n'existe pas de mauvais signes mais de fausses lectures, surtout pour bien comprendre ce qui nous serait d'un grand secours.

Un signe reste inoffensif tant que nous le laissons tranquille.

Les dieux n'aiment pas être importunés pour des choses insignifiantes.




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