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3 Variations sur le désert

Je m'interroge sur l'apparente cruauté du désert, surtout quand il revêt les formes douces des dunes. L'Egypte est un royaume minéral de sable, de pierres et de montagnes arides. Ici, la mort devient une contemplation apaisée, jamais perturbée par l'écoulement du temps ou l'acceptation de l'invraisemblable.

Quand je marche dans le désert, je me demande si je suis mort ou si je n'ai pas encore commencé à vivre au cœur d'une beauté qui ne se laisse pas facilement apprivoiser. Je ne trouverai rien de plus troublant ailleurs.


Je suis plus vivant dans la solitude et le silence. Là, je ne subis pas l'influence des astres sur ma destinée. Etre oublié dans un coin de l'univers, plongé jusqu'aux yeux dans le Noun, en attente d'inconcevables mutations sur l'autre versant du sensible. Je ne veux pas me laisser apprivoiser.



J'ai trouvé dans le sable un oiseau migrateur mort qui avait dû se tromper d'itinéraire ou de champ magnétique. La mort vagabonde dans les espaces occupés par la fragilité de la vie. L'aventure de ce volatile me rend songeur. Pour mieux retrouver sa trace, je laisse sur la table de la cuisine les ingrédients de mon repas. Un loup engagé dans un wadi marche vers un autre destin. Le cadavre de l'oiseau lui permettra de tenir quelques jours encore. Rituel chamanique de la manducation. Je brûle de me rendre plus au Sud pour revoir cette longue falaise où les faucons pèlerins font leur nid. Un dieu ailé plane au-dessus du désert kémitien saturé de sa pureté inexplicable.

Que Seth me pardonne mon impiété et mes blasphèmes ! Dans le désert, il reste mon seul recours. Il connaît les points d'eau et les ancrages telluriques où naissent les mirages. Seth est cette maladie qui tourmente les chairs pour prouver que je suis encore vivant.

Seth prétend qu'il faut se méfier des rêves des autres ou de ceux qui prennent racine dans le désert.

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